Neurosciences cognitives, neuroéducation et psychologie cognitive

L’imagerie par résonance magnétique permet de voir les régions actives dans une tâche et de tracer les faisceaux qui lient les différentes régions cérébrales. Ces techniques peuvent être employées dès le plus jeune âge, chez le fœtus ou le prématuré. Les recherches se multiplient chez l’enfant et révolutionnent notre connaissance du cerveau. À travers ces études, l’enfant n’apparaît pas passif face à son environnement mais actif dans son apprentissage. Il ne subit pas son environnement, il le prévoit, et ce dès la naissance. Nous comprenons mieux comment la culture tire profit des contraintes cérébrales et comment le cerveau humain se dote de nouvelles capacités, comme la lecture ou la musique, en s’appuyant sur nos capacités naturelles.

Ghislaine Dehaene-Lambertz | Institut d’imagerie biomédicale (I2BM) – NeuroSpin Inserm U992 in CLEFS CEA - N° 62, 2014

Depuis quelques années, les connaissances sur le cerveau ont beaucoup progressé. Elles ont enrichi les connaissances en psychologie cognitive (Piaget, Bruner, Dehaene) et  mené à l’émergence de nouvelles approches de recherche comme les neurosciences cognitives (Dehaene, Houdé, Lachaux), la neuroéducation (Masson).  A partir d’un rapport de l’OCDE en 2002, une nouvelle réflexion s’engage sur le fonctionnement du cerveau en lien avec les apprentissages.

« Comprendre le cerveau, vers une nouvelle science de l’apprentissage ».

Ces différents domaines de recherche étudient certaines problématiques éducatives au niveau cérébral. Bien que récentes pour certaines comme les neurosciences cognitives et la neuroéducation, les recherches dans ce domaine sont déjà particulièrement intéressantes pour les enseignants, parce qu’elles permettent de mieux comprendre l’influence de l’architecture cérébrale des élèves sur leurs apprentissages scolaires, les causes biologiques liées aux difficultés de certains élèves et les effets de l’apprentissage ou d’un type particulier d’intervention pédagogique sur le cerveau.

Pourquoi les acteurs de la Gestion Mentale s’intéressent-ils  à ces domaines de recherche?

La Gestion mentale ou pédagogie des gestes mentaux s’intéresse, depuis plus de 30 ans, aux processus mentaux mis en œuvre dans un apprentissage, la connaissance de ces processus permettant d’en avoir une certaine maîtrise.

Toutefois, comme le rappelle Jean-Pierre Gaté, la Gestion Mentale « repose sur une exigence descriptive des vécus cognitifs qui prend résolument en compte l’expérience subjective de l’être humain dans son rapport aux objets du monde, tels que ceux-ci apparaissent, et en s’efforçant de «  mettre entre parenthèses » c’est-à-dire à distance et momentanément à part, toute forme d’interprétation théorique ou de jugement a priori. »

La Gestion mentale a donc développé de façon empirique, à partir d’expériences subjectives, des pratiques pédagogiques pertinentes qui sont très proches des recommandations pédagogiques de la neuroéducation et des neurosciences cognitives. Les préconisations pédagogiques communes à ces démarches, rejoignant ainsi la réalité fonctionnelle du cerveau, apportent alors une caution scientifique à la démarche Gestion Mentale, parfois qualifiée de trop subjective.

De plus, dans un article de 1988, «le neuronal et le mental»,  Antoine de La Garanderie s’interrogeait déjà sur une possible rencontre entre sa démarche et un courant plus expérimental : « Nous pensons qu’une collaboration est à instaurer entre neurophysiologistes du cerveau et psychologues de la vie mentale, qui va plus loin que celle qui est pratiquée : il ne suffit plus d’échanger des renseignements si précis soient- ils, mais il faut entrer dans une action expérimentale où les enjeux seront déterminés par des responsabilités partagées. D’un effort réciproque pour que les observations et les expériences des uns soient la raison de celles des autres pourraient résulter des conceptualisations harmonieuses et mutuellement éclairantes. Cette confrontation et cette entente expérimentales auraient aussi l’avantage d’éclairer les routes de l’éducateur et du pédagogue »

Ces propos très actuels d’Antoine de La Garanderie, ne peuvent que nous interpeller et nous inciter à œuvre pour un rapprochement entre les deux courants.

Steve Masson lors du stage d’Introduction à la Neuroéducation Aix-en-Provence juillet 2017

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Pour approfondir

  • Les cahiers pédagogiques n° 527 «  Neurosciences et pédagogie » février 2016
  • ANAE n° 134, La neuroéducation, dossier coordonné par le Pr Steve Masson,  2015
  • Dossier de l’ IFE n° 86 « Neurosciences et éducation : la bataille des cerveaux »  septembre 2013 : http://ife.ens-lyon.fr/vst/DA-Veille/86-septembre-2013.pdf
  • Rapport de l’OCDE « Comprendre le cerveau : naissance d’une science de l’apprentissage » 2007
  • Rapport de l’OCDE « Comprendre le cerveau, vers une nouvelle science de l’apprentissage » 2002 : http://prea2k30.scicog.fr/ressources/accesfichier/16.pdf
  • Jean –Pierre Gaté, « Intérêt et limite d’une phénoménologie des actes de connaissance pour la pédagogie » in « Penser l’éducation n° 17, juin 2005 »
    http://shs-app.univ-rouen.fr/civiic/revue/UFR_Penser_Education17.pdf
  • Antoine de la Garanderie « Le neuronal et le mental, perspectives expérimentales », in Le Binet-Simon n° 616, 1988

Sitographie